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L’officier qui commandait dans la forteresse n’était pas fort à son aise, car le feu le plus proche n’était pas éloigné de lui de plus de cinq verstes. Toutes les femmes du lieu furent commandées pour porter chacune, en cas d’accident, une mesure d’eau dans la maison, et quelques hommes furent occupés à creuser des fossés pour empêcher la communication du feu de ce côté-là. Ces précautions furent inutiles : Le feu s’éteignit en quelque façon de lui-même. La steppe ressemble à une terre labourée où il n’y que du chaume ; l’herbe aride y brûle très-vite. Tous ce qui se trouve combustible brûle de suite, et de proche en proche ; mais dans ces steppes, outre les routes fort battues et les lacs, il y a au printemps quantité d’endroits marécageux, et en été beaucoup d’endroits secs où il ne croît point du tout d’herbe. Ainsi, dans tous ces endroits le feu s’arrête de lui-même sans pouvoir aller plus loin, et s’éteint faute d’aliment. Les incendies des steppes ne sont point rares : nous en avons vu plusieurs, et les habitans des environs assurent qu’on en voit presque tous les ans. On indique deux causes de ces incendies : la première vient des voyageurs, qui font du feu dans les endroits où ils s’arrêtent pour faire manger leurs chevaux, et qui, en s’en allant, n’ont pas soin de l’éteindre. L’autre cause vient des fréquens orages, et s’attribue au feu du ciel ; mais elle a lieu bien pins rarement.

» Le lendemain de notre arrivée à Yamous-