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» À deux journées d’Yamouscheva, nous cessâmes notre navigation, et nous montâmes à cheval avec une petite suite : notre chemin traversait directement la steppe, qui est partout fort unie.

» Nous eûmes beaucoup à souffrir jusqu’à Yamouscheva ; la chaleur était devenue si forte, que nous pensâmes périr ; il faisait à la vérité du vent, mais il était aussi chaud que s’il fût sorti d’une fournaise ardente. Nous n’avions pas dormi depuis près de trente-sis heures ; le sable et la poussière nous ôtaient la vue, et nous arrivâmes très-fatigués, à une heure après midi, à Yamouscheva. Là nous sentîmes encore à notre arrivée la chaleur si vivement, que nous désespérions de pouvoir la supporter davantage. Tout ce qu’on nous servait à table, quand nous prenions nos repas, était plein de sable que le vent y portait. La chambre n’avait point de fenêtres, il n’y avait que des ouvertures pratiquées dans la muraille, et c’était par là que le vent nous charriait ce sable incommode. Il me prit envie de me baigner, et je m’en trouvai bien ; je me sentis tout à la fois rafraîchi et délassé. En rentrant à notre logis, j’entendis le tambour de la forteresse qui donnait le signal du feu. Nous apprîmes qu’il était dans la steppe, et qu’il y faisait du ravage. Le vent chassait la flamme avec violence vers la forteresse. Nous montâmes aux ouvrages des fortifications, et nous vîmes, en plusieurs endroits du désert, des feux qui répandaient une grande lumière.