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autant de vaches qu’on en rencontre à Tobolsk. Elles courent les rues, même en hiver ; de quelque côté que l’on tourne, on voit des vaches, mais bien plus encore en été et dans le printemps.

» La ville de Tobolsk est fort peuplée, et les Tartares font près du quart des habitans. Les autres sont presque tous des Russes, ou exilés pour leurs crimes, ou enfans d’exilés. Comme ici tout est à si grand marché, qu’un homme d’une condition médiocre peut vivre avec un modique revenu de dix roubles par an, la paresse y est excessive. Quoiqu’il y ait des ouvriers de tous métiers, il est très-difficile d’obtenir quelque chose de ces gens-là ; on n’y parvient guère qu’en usant de contrainte et d’autorité, ou en les faisant travailler sous bonne garde. Quand ils ont gagné quelque chose, ils ne cessent de boire jusqu’à ce que, n’ayant plus rien, ils soient forcés par la faim à revenir au travail. Le bas prix du pain cause en partie ce désordre, et fait que les ouvriers ne pensent pas à épargner ; deux heures de travail leur donnent de quoi vivre une semaine et satisfaire leur paresse.

» Du gouverneur de Tobolsk dépendent tous les vayvodes de Sibérie ; il ne peut pas cependant les destituer, ni les choisir lui-même ; mais il est obligé de les recevoir tels qu’on les lui envoie de la chancellerie de Sibérie, qui réside à Moscou. Il reçoit, ainsi que les sous-gouverneurs et les autres officiers de la chancellerie,