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récité quelques prières, il absout les morts des péchés dont ils se sont rendus coupables par leurs négligences, ou qu’ils n’ont pu expier à cause de leur mort subite.

» La semaine de Pâques se passa gaiement en visites respectives. La populace la célébra par beaucoup de divertissemens à sa mode ; mais ces extravagances n’approchaient pas à beaucoup près de celles qui se firent dans la semaine du beurre. C’est là principalement le temps des débauches avec les femmes, qui cependant ne sont pas rares tout le reste de l’année en cette ville. Je n’ai vu dans aucun lieu du monde autant de gens sans nez qu’à Tobolsk. Le froid ne peut pas en être la cause, puisqu’il n’y fait pas plus froid qu’à Pétersbourg, où ces accidens sont beaucoup plus rares. Il est donc assez vraisemblable qu’ici la perte du nez est un des fruits ordinaires de maladies qui sont très-communes dans cette ville. On le conçoit d’autant plus aisément, que, pour toute la garnison, il n’y a qu’un seul chirurgien, et qu’il n’est pas obligé d’administrer gratuitement ses remèdes aux habitans ; d’où il arrive que les pauvres restent sans secours pour ces maladies, qui doivent être plus funestes dans les climats où le froid rend la transpiration difficile.

» Tobolsk, capitale de la Sibérie, est située sur l’Irtich, par 58 degrés 12 minutes de latitude. Elle est divisée en ville haute et en ville basse. La ville haute est sur la rive orientale de l’Irtich ; la basse occupe le terrain qui est entre