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espèce de béatification de tous les czars morts en odeur de sainteté, et de leurs familles, des plus vertueux patriarches, et de plusieurs autres personnages, du nombre desquels fut Yermak, qui avait conquis la Sibérie : ensuite on prononça solennellement le grand ban de l’Église contre tous les infidèles, hérétiques et schismatiques, c’est-à-dire contre les mahométans, les luthériens, les calvinistes et les catholiques romains, supposés auteurs du schisme qui sépare les deux églises. Pendant tout le carême on n’entendit point de musique, il n’y eut aucune sorte de divertissement, ni fiançailles. Si nous n’eussions eu des Tartares à observer, nous aurions été réduits à la plus grande inaction.

» Le 15 mars, nous eûmes avis qu’il se faisait une noce tartare au village de Sabanaka ; nous fûmes curieux de la voir, et nous nous rendîmes sur les lieux. On compte de Tobolsk à Sabanaka sept vieux verstes, qui en font environ douze nouveaux. Nous allâmes droit à la maison des nouveaux mariés ; nous fûmes conduits, avec d’autres étrangers qui avaient eu la même curiosité que nous, dans une chambre particulière où l’on avait rangé des chaises pour nous recevoir. Nous y trouvâmes les bancs larges et bas que nous avions vus jusqu’à présent dans toutes les chambres tartares ; ils étaient couverts de tapis. La table avait aussi son tapis ; on y avait servi un gâteau et des fruits secs. En arrivant dans la chambre, on