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jour et nuit dans les rues que des courses et des cris ; la foule des passans et des traîneaux y causait à chaque instant des embarras. Une nuit, passant devant un cabaret, je vis beaucoup de monde assis sur un tas immense de neige, qu’on avait élevé exprès. On y chantait et l’on y buvait sans relâche ; la provision finie, on renvoyait au cabaret. On invitait tous les passant à boire, et personne ne songeait au froid qu’il faisait. Les femmes se divertissaient à courir les rues, et elles étaient souvent jusqu’à huit dans un traîneau.

» À Pechler, j’entrai dans une maison de Tartares. Ceux du district de Tobolsk ne sont nullement comparables aux Tartares du Casan pour la politesse et la propreté. Ces derniers ont ordinairement une chambre particulière pour leurs femmes. Ceux de Tobolsk n’ont qu’une seule chambre, dans laquelle toute la famille vit pêle-mêle, avec les bœufs, les vaches, les veaux, les moutons. Cette malpropreté provient vraisemblablement de leur pauvreté : c’est par la même raison qu’ils ont rarement plus d’une femme, et qu’ils ne boivent que de l’eau.

» Autant la ville avait été tumultueuse dans la semaine du beurre, autant elle paraissait tranquille dans les fêtes qui la suivent. On voyait tout le monde en prière. La dévotion éclata surtout dans une cérémonie qui se fit le 3 mars à la cathédrale, et qui fut célébrée par l’archevêque du lieu. Elle commença par une