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après midi. De plus, pour ne pas profaner ce jour, on ne permet d’en vendre qu’une certaine mesure, et l’on tient exactement la main à l’exécution d’un règlement si sage. Les ouvriers d’ailleurs n’ont pas à se plaindre, ils ne manquent de rien : ils touchent leur paie régulièrement tous les quatre mois, et les vivres sont à très-bon marché. Lorsque quelqu’un d’eux tombe malade, il est très-bien soigné, dans un hôpital bâti exprès pour eux et dirigé par un bon chirurgien-major. On y apporte même les malades des mines et fonderies des environs.

» Dans la nuit du 31 décembre, continue Gmelin, nous fûmes régalés d’un spectacle russe, où nous ne trouvâmes pas le mot pour rire : notre appartement se remplit tout à coup de masques. Un homme vêtu de blanc conduisait la troupe. : il était armé d’une faux qu’il aiguisait de temps en temps, et c’était la Mort qu’il représentait ; un autre faisait le personnage du Diable. Il y avait des musiciens et une grande suite d’hommes et de femmes. La Mort et le Diable, qui étaient les principaux acteurs de la pièce, disaient que tous ces gens-là leur appartenaient, et voulaient nous emmener aussi. Nous nous débarrassâmes d’eux en leur donnant pour boire.

» Au commencement de janvier, M. Muller et moi nous allâmes visiter les mines de cuivre de Polevai, situées à cinquante-deux verstes[1] de Catherinembourg. Nous entrâmes dans la

  1. Quatre verstes font une lieue de France.