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cusé ne peut trouver personne qui veuille jurer pour lui, il est déclaré coupable.

Les lois défendent aux Kirghis le brigandage ; mais ils se le permettent, et s’en font gloire. Quelquefois ils se réunissent en troupes, se donnent un chef, vont piller et enlever les caravanes. Ils gardent précieusement ce qu’ils ont pris ; c’est un trophée de leur valeur : ils ne vendent guère que les esclaves mâles et les bestiaux. Quelquefois un homme seul se met en campagne et court les steppes, cherchant les aventures ; mais ce chevalier errant, bien loin d’être un redresseur de torts, ne songe qu’à nuire.

Cependant un étranger qui a su gagner l’amitié d’un Kirghis distingué peut voyager en toute sûreté dans leurs steppes. La compagnie de ce protecteur le défend mieux que la plus nombreuse escorte.

Braves jusqu’à l’audace, les Kirghis ne sont pas guerriers. Jamais ils ne résistent à une défense vigoureuse et soutenue. Quand la guerre se prolonge, l’armée diminue chaque jour ; ceux qui s’ennuient se retirent sans demander de congé ; la désertion devient générale après une défaite ; on se disperse, et chacun retourne chez soi par le chemin qu’il croit le plus court.

Les Kirghis embrassèrent la religion de Mahomet vers le commencement du dix-septième siècle: ils y sont d’autant plus attachés, qu’ils la connaissent moins. Plusieurs oulouss n’ont