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naît le moins la misère. Comme il n’est pas difficile à chaque particulier de se procurer un troupeau suffisant pour sa subsistance, personne ne veut travailler pour les autres, et les riches sont obligés de se faire servir par des esclaves. Ils les traitent fort doucement, fournissent abondamment à leur subsistance, et, ne cessant jamais devoir en eux leurs semblables, ils souffriraient eux-mêmes en leur laissant éprouver le besoin ; mais l’esclave qui tente de fuir, ou qui s’engage dans des intrigues amoureuses, s’expose à de rigoureuses punitions, et même à perdre la vie.

Les Kirghis n’ont aucune idée du travail des terres, à cause de la nature du sol de leurs steppes ; et d’ailleurs la moindre fatigue les met en sueur.

Quelques-uns savent fabriquer de la poudre : ils ont aussi quelques mauvais forgerons, mais ils sont obligés d’acheter des Russes presque tous les instrumens en fer. Du poil de leurs chameaux, ils fabriquent des camelots et des cordes pour leur usage ; du lait des femelles, ils font du koumis et du fromage ; ils en préparent aussi un beurre plus gras que celui de vache, et moins huileux que celui de jument.

Amis du luxe et des commodités de la vie, et manquant de manufactures, ils sont obligés de faire un grand commerce d’échanges avec les Russes, les Boukhariens et leurs autres voisins. Le mouton leur tient lieu de monnaie de compte. Il n’y a pas d’année que le commerce