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sens, de l’intelligence, et même de la finesse dans l’esprit. Ils aiment les aventures extraordinaires ; mais ils aiment encore plus leurs aises. Brigands par état, voluptueux par caractère, se baignant quelquefois dans le sang, et peu portés à le répandre, ils font du mal pour se procurer leur bien-être ; ils le font par représailles, ils le font surtout par point d’honneur. On remarque que depuis qu’ils entretiennent des relations plus fréquentes avec les Russes, leurs mœurs s’adoucissent chaque jour.

Comme les Kirghis n’ont point d’écoles, il s’en trouve peu qui sachent écrire leur langue ; mais ils la parlent avec pureté. C’est un dialecte du tartare, que les autres peuples tartares entendent parfaitement. Ils vivent dans l’ignorance. Les Tartares lettrés qu’ils enlèvent dans leurs courses deviennent secrétaires de leurs princes.

Les Kirghis n’habitent que des tentes construites à peu près comme celles des Kalmouks. Leurs richesses, leurs ressources consistent dans leurs troupeaux. Un Kirghis d’une fortune médiocre possède rarement moins de trente à cinquante chevaux, quinze à vingt bêtes de gros bétail, cent moutons, vingt à cinquante chèvres, à quoi il faut ajouter au moins un couple de chameaux. On voit des particuliers qui ont dix mille chevaux, trois cents chameaux et dromadaires ; trois à quatre mille pièces de gros bétail, vingt mille moutons, et au-delà de mille chèvres.