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dant, le long des rivières, dans quelques vallées et sur les collines, on trouve du bois et de bonne eau. Le terrain ne convient pas à l’agriculture ; mais cette immense steppe offre aux peuples nomades qui la parcourent une retraite sûre, et, par intervalles, de bons pâturages pour leurs troupeaux. Indépendamment des Kirghis, on y voit aussi errer des Araliens, des Troukmènes, des Mongols et des Kalmouks.

Pendant l’hiver, il règne dans ces steppes un vent du nord impétueux, accompagné de neige, d’un froid excessif et de tourbillons si violens, qu’ils enlèvent en l’air des colonnes de poussière de trente pieds de haut. Cependant la neige ne séjourne que peu de temps sur ces plaines sablonneuses.

Les Kirghis ou Kirghis-Kaïsaks se donnent à eux-mêmes le nom de Sara-Kaïsaki (Cosaques des steppes). On ne sait rien de bien certain sur l’origine et sur l’ancienne histoire de ce peuple, qui n’est connu que depuis la conquête de la Sibérie par les Russes. Ils se disent issus des Tartares-Nogais, qui habitaient au sud et à l’ouest de la mer Caspienne ; mais Aboul-Ghazi, qui les nomme Kerghis, les fait venir des bords de l’Ikran, dans le voisinage de la grande muraille de la Chine.

Ils ont les traits tartares, le nez écrasé, les yeux petits, mais non pas obliques comme les Mongols. Leur physionomie ouverte parle en leur faveur. Leurs yeux sont vifs, mais n’ont rien de menaçant. On trouve en eux du bon