Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rée par les mahométans comme une ville sainte, à cause du tombeau d’un de leurs saints qui se trouve dans une des mosquées de cette ville antique, jadis florissante.

L’état de Taschkent, à l’est du Turkestan, est un peu plus considérable. Le pays est montueux, mais sain, très-fertile, et assez bien cultivé ; il est arrosé par le Syr, l’ancien Sihon et le Khisil. Il s’y fait peu de commerce, qui n’a lieu que par caravanes. Le khan était jadis indépendant ; il n’est à présent que l’humble vassal des Khirgis de la grande horde, ou du khan de Bokhara. Taschkent, capitale de cette contrée mal connue, est située sur le Syr, dans une belle plaine. Cette ville, entourée de murs en terre, ressemble à un grand jardin. On dit qu’elle renferme six mille maisons, que sa population se monte à trente mille âmes, et que l’on y voit des manufactures de soie et de coton, une forge, une fonderie de canons, et un moulin à poudre ; enfin qu’elle est assez commerçante.

Les Karakalpaks occupent en partie les deux pays que nous venons de décrire ; ils s’étendent sur les bords du Syr jusqu’à la mer Caspienne. Leur nom signifie bonnets noirs ; ils se donnent à eux-mêmes celui de Mankat et Karakiptchak (bergers noirs). Ils se divisent en deux hordes, d’après leur position géographique, la supérieure et l’inférieure, et celles-ci se subdivisent en oulouss. En 1742, la horde inférieure, forte alors de trente mille Kibitz, rechercha la pro-