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les bords du Khisil, ils y conduisent rarement leurs bestiaux pendant l’été, parce qu’il n’y a rien à piller de ce côté-là. Les Karakalpaks, qui sont leurs voisins au nord, étant aussi exercés qu’eux dans l’art du pillage, ils y gagneraient peu ; d’ailleurs les Tartares mahométans ne se chagrinent pas mutuellement par des incursions, à moins qu’ils ne soient en guerre ouverte. À l’égard des Kalmouks, ou Eleuths, leur usage est de s’éloigner des frontières au commencement de l’été, pour n’être pas exposés aux courses de ces dangereux voisins, et de ne retourner qu’à l’entrée de l’hiver, lorsque les pluies et les neiges rendent les chemins impraticables. Ces Ousbeks se servent d’oiseaux de proie pour la chasse des chevaux sauvages ; ils les accoutument à prendre l’animal par la tête ou par le cou : tandis qu’ils le fatiguent sans quitter prise, les chasseurs, qui ne perdent pas de vue leur gibier, le tuent facilement. Leur principale liqueur est le lait de leurs jumens : elle peut les enivrer.

Les Ousbeks mangent à terre, assis les jambes sous le derrière. Ils prennent la même posture en priant. Jamais on ne les voit à cheval sans l’arc et l’épée ; ils ne connaissent ni les arts ni les sciences ; leur vie se passe dans l’oisiveté ; quand ils ne sont pas en campagne pour piller, ils se tiennent assis en grand nombre, au milieu des champs, et s’amusent à discourir.

Nous rapporterons ici un trait remarquable d’un prince de cette partie des Ousbeks qui