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Ceux des Kamtchadales qui font la pêche de la baleine s’y préparent par des cérémonies à peu près semblables. Ils façonnent une baleine de bois d’environ deux pieds de longueur. Ils la portent en procession, d’un balagane dans une yourte. Ils placent devant la Ioupana un grand vase plein de tolkoucha. Ensuite on tire la baleine de l’yourte en criant, la baleine s’est enfuie dans la mer. On va la remettre dans un balagane neuf fait exprès, où on laisse une lampe allumée, avec un homme, pour empêcher qu’elle ne s’éteigne pendant la saison de la pêche, qui dure depuis le printemps jusqu’en automne.

Enfin la superstition des Kamtchadales paraît surtout dans leurs usages à l’égard des morts, qui, dans tous les pays, ont toujours été la terreur des vivans. Cette peur fait qu’au Kamtchatka l’on n’ose rien porter de ce qui leur a servi, pas même loger dans l’habitation où un homme est mort. Heureusement il en coûte peu d’en construire une autre. Mais il est singulier que cette frayeur des morts n’inspire pas une sorte de vénération pour les cadavres. Les Kamtchadales les donnent à manger à leurs chiens. Il est vrai que c’est par un motif d’intérêt pour les hommes. « Ceux, disent-ils, dont le corps aura été dévoré par les chiens, en auront de très-bons dans le monde souterrain. » Cependant ils ont encore une autre raison d’intérêt personnel pour exposer les cadavres à la voirie, de-