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comme de l’eau bénite, » dit l’auteur russe.

Il se fait ensuite une ou deux cérémonies secrètes, dont tout le mystère et le prix est dans le secret même, qui ne mérite ni d’être vu ni d’être publié. Tout ce qu’on peut en dire ici pour la curiosité, c’est qu’on y purifie toutes les personnes qui sont malades ou en danger de se noyer. Cette purification du passé, qui sert de préservatif pour l’avenir, consiste, pour les malades, à fouler aux pieds des guirlandes de tonchitche dont on leur avait couronné la tête ; et pour les autres, à se coucher sur le foyer, qui est couvert de cendre chaude, appelant à leur secours des personnes qui viennent les retirer de la cendre avec le même empressement que s’ils se noyaient.

Le lendemain de cette purification, on prend deux bottes de paille ou d’herbe sèche pour en faire le pom. C’est une figure d’homme qui n’a qu’un pied de hauteur, et à laquelle on attache un priape de deux toises de longueur. On la suspend au plafond par ce priape. On courbe en arc cette longue baguette, et on jette la figure au feu. Tout ceci n’a point de sens ni d’objet. Ce sont des fous qui apaisent un mal imaginaire par des remèdes qui en sont l’aliment, comme font les superstitieux à qui la peur a troublé la raison. Mais ces folies se terminent par des jeux qui divertissent.

Les hommes qui sont dans les yourtes bien chauffées jettent les tisons dehors, les femmes les rejettent dedans. C’est à qui l’emportera.