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l’on jette au feu tous ces petits dieux ou démons, avec de grands cris et des danses.

Toutes les cérémonies de cette fête ont de l’analogie avec les occupations et les besoins du peuple qui la célèbre. Une femme vient à minuit dans l’yourte d’assemblée avec une figure de baleine, faite d’herbe, qu’elle porte sur le dos. Les gestes et les grimaces de cette nouvelle cérémonie, l’objet du culte, tout ce qui se dit, et se fait à cette occasion, n’est que pour obtenir des vents et de la mer qu’ils envoient des baleines mortes sur les côtes du Kamtchatka.

Le lendemain matin, de vieilles femmes font à peu près les mêmes extravagances devant des peaux de phoques. Elles ont des courroies faites du cuir de cet animal, et les allumant comme des bougies, elles en parfument ou empestent l’yourte. Cette fumigation s’appelle une purification.

Ensuite une femme entre dans l’yourte par la seconde ouverture, qu’on appelle choplade ou ioupana, tenant un loup fait de matteït, et rempli de graisse d’ours. Les hommes et les femmes se disputent ce loup ; le premier sexe l’emporte enfin, un homme tire une flèche sur ce loup, et les autres le déchirent, et mangent la pâte et les matières comestibles dont il est formé. « Quoique les Kamtchadales, dit Kracheninnikov, ne soient pas plus en état de rendre raison de cette cérémonie que de celle de la baleine ; quoiqu’ils ignorent si elle a rapport à leurs opinions superstitieuses ou non, et pour-