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pour y chercher du bois propre à la construction de ses canots, et non pour servir de nourriture aux hommes. Ces peuples ne peuvent croire qu’un dieu puisse leur faire du bien.

En revanche, ils connaissent des dieux très-capables de leur faire du mal. Ce sont ceux qui président aux volcans, aux fontaines bouillantes. Ces mauvais génies descendent la nuit des montagnes et volent à la mer pour y prendre du poisson. Ils en emportent un à chaque doigt. Les dieux des bois ressemblent aux hommes ; leurs femmes portent des enfans qui croissent sur leur dos et pleurent sans cesse. Ces esprits égarent les voyageurs et leur ôtent la raison.

Piliatchoutchi, ou Bilioukai, ne laisse pas d’être malfaisant quelquefois. Ce dieu habite sur les nuées, d’où il verse la pluie et lance les éclairs. L’arc-en-ciel est la bordure de son habit. Les sillons que l’ouragan fait sur la neige sont les traces de ses pas. Il faut craindre ce dieu ; car il fait enlever dans des tourbillons les enfans des Kamtchadales, pour supporter, comme des cariatides, les lampes qui éclairent son palais.

Touila est le dieu des tremblemens de terre. Ils proviennent de ce que son chien kosei, quand il le traîne, secoue la neige qu’il a sur le corps.

Gaëtch est le chef du monde souterrain, où les hommes vont habiter après leur mort ; car sous la terre, qui est plate, est un ciel semblable au nôtre : et sous ce ciel est une autre