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prendre des poissons. Son père lui avait appris à faire des canots. Il enseigna à ses enfans l’art de s’habiller de peaux. Il créa les animaux terrestres, et leur donna Piliatchoutchi pour veiller sur eux. Ce dieu, d’une taille fort petite, vêtu de peaux de goulu, est traîné par des oiseaux : ce ne sont pas des aigles, ni des colombes, mais des perdrix. Sa femme s’appelle Tiranous. »

Koutkhou a fait beaucoup de sottises qui ne lui attirent que des malédictions au lieu de louanges et de prières. Pourquoi tant de montagnes, de précipices, d’écueils, de bancs de sable, de torrens ou de rivières si rapides, tant de pluies et de tempêtes ? Les Kamtchadales n’ont que des injures à lui dire pour de si mauvais offices. Soit peu de crainte ou d’amour dans leur culte, ils n’offrent au dieu qu’ils estiment le plus que les ouïes, les nageoires, ou les queues des poissons, qu’ils jetteraient dans les immondices. « Ils ont, dit Kracheninnikov, cela de commun avec toutes les nations asiatiques, qui offrent seulement à leurs dieux ce qui ne vaut rien, et qui gardent pour elles ce qu’elles peuvent manger. » Les dieux peuvent ne pas s’en irriter, mais il n’est pas sûr que les prêtres s’en contentent.

Au reste, si les Kamtchadales ne donnent rien à leurs dieux, c’est qu’ils en attendent peu de chose. Ils font un dieu de la mer, qu’ils appellent Mitg, et qu’ils représentent sous la forme d’un poisson. Ce dieu ne songe qu’à lui. Il envoie les poissons dans les rivières, mais