Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/400

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’ils en veulent perdre. C’est assez parler des maladies du corps, il faut passera celles de l’esprit.

Les Kamtchadales n’ont aucune idée de l’Être Suprême ; et n’ont point le mot esprit dans leur langue. Quand Steller leur demandait si à la vue du ciel, du soleil, de la lune et des étoiles, ils n’avaient jamais pensé qu’il y eût un Être tout-puissant, créateur de toutes choses, ils lui ont répondu affirmativement « que jamais cela ne leur était venu dans l’idée, et qu’ils ne sentaient et n’avaient jamais senti pour cet Être Suprême ni amour ni crainte. » Voici quelques-unes de leurs opinions religieuses :

« Dieu n’est la cause ni du bonheur ni du malheur ; mais tout dépend de l’homme. Le monde est éternel : les âmes sont immortelles. Elles seront réunies aux corps, toujours sujettes à toutes les peines de cette vie, excepté la faim.

» Toutes les créatures, jusqu’à la mouche la plus petite, ressusciteront après la mort, et vivront sous terre, Ceux qui ont été pauvres dans ce monde seront riches dans l’autre ; et ceux qui sont riches ici deviendront pauvres à leur tour. Ils ne croient pas que Dieu punisse les fautes, car celui qui fait mal, disent-ils, en reçoit le châtiment dès à présent.

» Ils pensent que le monde empire de jour en jour, et que tout dégénère en comparaison de ce qui a existé autrefois. »