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Mais il serait bien plus surprenant qu’ils aimassent la musique, avec si peu d’invention, de ressources et de loisir. C’est un des premiers arts de l’homme en société, mais un des derniers qu’il perfectionne. Il faut tant de sensibilité, d’oisiveté, de mollesse même pour préparer et façonner les organes aux délices de la musique, qu’elle n’entre souvent dans le génie d’une nation que lorsqu’il est éteint sur tous les autres arts qui demandent de l’action, des veilles, du travail. Peut-être aussi faut-il naître organisé pour la belle musique, et ce n’est pas le don des peuples situés à l’extrémité du Nord.

Les plaisirs des Kamtchadales sont très-bornés ; leurs maux ne le sont pas autant, quoiqu’en petit nombre. Leurs principales maladies sont le scorbut, les ulcères, le cancer, la jaunisse : chacun de ces maux a plusieurs remèdes. On se guérit du scorbut, au Kamtchatka, par l’application de certaines feuilles sur les gencives, ou par des boissons. On prend des décoctions de plantes, d’une espèce de gentiane ou de bourgeons de pin, qu’on infuse comme du thé ; mais souvent on mange de l’ail sauvage.

Les ulcères sont très-dangereux au Kamtchatka, souvent mortels : ils ont quelquefois deux ou trois pouces de diamètre, et s’ouvrent en quarante ou cinquante trous. S’il n’y a point de suppuration, c’est un signe de mort. On y applique, pour attirer la matière, la peau fu-