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avoir, au danger de mourir de faim. Souvent ils sont surpris, dans un lieu désert, par un ouragan qui fouette la neige en tourbillon. Alors il faut se réfugier dans les bois avec ses chiens et son traîneau, jusqu’à ce que cet orage soit passé. Quelquefois il dure huit jours. Les chiens sont obligés de manger les courroies et les cuirs des traîneaux, tandis que l’homme n’a rien ; encore est-il heureux de ne pas mourir de froid. Pour s’en garantir, les voyageurs se mettent dans des creux, qu’ils garnissent de branches, et s’enveloppent tout entiers dans leurs pelisses, où la neige les couvre bientôt, de façon qu’on les ne distinguerait pas dans leurs fourrures, s’ils ne se levaient de temps en temps pour la secouer, ou s’ils ne se roulaient comme une boule, afin de s’échauffer et de respirer. Ils ont soin de ne pas trop serrer leur ceinture, de peur que, s’ils étaient à l’étroit dans leur habits, la vapeur de leur respiration, qui vient à se geler, ne les engourdît, et ne les suffoquât sous une atmosphère de glaçons. Quand les vents de l’est au sud soufflent une neige humide, il n’est pas rare de trouver des voyageurs gelés par le vent du nord, qui suit de près ces sortes d’ouragans. Quelquefois, obligés de courir sur leurs traîneaux, le long des rivières, dans des chemins raides et raboteux, ils y tombent et se noient ; ou, s’ils regagnent les bords, ils y périssent dans les douleurs cuisantes du froid qui les a saisis. Rarement ont-ils la commodité de faire du feu ; et s’ils l’avaient, ils la négligeraient. Eux et