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et les frotter, jusqu’à ce qu’elles soient nettes et souples. Quand on veut les tanner, on les expose à la fumée durant une semaine ; on les épile dans l’eau chaude, on les frotte avec du caviar, puis on les tord, les foule et les ratisse.

Pour teindre les peaux de phoques, après en avoir ôté le poil, les femmes les cousent en forme de sac, le côté du poil en dehors. Elles versent dans ce sac une forte décoction d’écorce d’aulne, et le recousent par le haut. Quelque temps après, on pend le sac à un arbre, on le frappe avec des bâtons, à plusieurs reprises, jusqu’à ce que la couleur ait pénétré en dehors, puis on le laisse sécher à l’air, et on l’amollit en le frottant. Cette peau devient enfin semblable au maroquin. Les femmes veulent-elles teindre le poil des phoques pour garnir leurs robes et leurs chaussures, elles emploient un petit fruit rouge, très-foncé, qu’elles font bouillir avec de l’écorce d’aulne, de l’alun, et une huile minérale. Voilà tous les arts, tous les travaux des Kamtchadales.

Presque toutes les occupations se rapportent aux premiers besoins de l’homme. La nourriture, besoin le plus pressant et le plus continuel, qui se renouvelle à chaque instant, qui tient tous les êtres vivans en action, demande presque tous les soins des peuples sauvages. Leurs voyages mêmes, semblables aux courses des animaux errans, n’ont pour but que la pêche et la chasse, la recherche ou l’approvisionnement des vivres. Ils s’exposent, pour en