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neige est glacée, il attache des glissoires d’os ou d’ivoire sous les semelles de cuir dont les ais du traîneau sont revêtus : quand il y a des descentes, il lie des anneaux de cuir à ces semelles. Le voyageur assis, les jambes pendantes, a le côté droit vers l’attelage. Il n’y a que les femmes qui s’asseyent dans le traîneau, le visage tourné vers les chiens, ou qui prennent des guides. Les hommes conduisent eux-mêmes leur voiture.

Cependant, quand il y a beaucoup de neige, il faut avoir un guide pour frayer le chemin. Cet homme précède les chiens avec des espèces de raquettes, Elles sont faites de deux ais assez minces, séparés dans le milieu par des traverses dont celle de devant est un peu recourbée. Ces ais et ces traverses sont garnies de courroies qui se croisent pour soutenir le pied. Le conducteur, qu’on appelle brodovchiki, prend les devans et fraie la route jusqu’à une certaine distance ; ensuite il revient sur ses pas, et pousse les chiens dans le chemin qu’il leur a ouvert. Il se perd tant de temps à cette manœuvre, qu’on a de la peine à faire deux lieues et demie dans un jour, tant les chemins sont difficiles et hérissés de broussailles ou de glaces.

Un Kamtchadale ne va jamais sans raquettes et sans patins, même avec son traîneau. Si l’on traverse un bois de saule, on risque de se crever les yeux ou de se rompre bras ou jambes, parce que les chiens redoublent d’ardeur et de vitesse à proportion des obstacles. Dans les descentes