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Pour faire leurs outils et leurs meubles, ces sauvages ont besoin de feu. Quel est leur moyen d’en avoir ? Ils tournent entre les mains, avec beaucoup de rapidité, un bâton sec et rond qu’ils passent dans une planche percée à plusieurs trous, et ne cessent de le tourner qu’il ne soit enflammé. Une herbe séchée et broyée leur sert de mèche. Ils préfèrent leur art de faire du feu à celui d’en tirer des pierres à fusil, parce qu’il leur est plus facile par l’habitude.

Leurs canots sont de deux sortes : les uns, qu’ils appellent koiakhtoktim, sont faits à peu près comme les bateaux de pêcheurs russes ; mais ils ne s’en servent que sur la rivière de Kamtchatka. Les autres, qu’on emploie sur les côtes de la mer, et qui s’appellent taktous, ont la proue et la poupe d’égale hauteur, et les côtés bas et échancrés vers le milieu, ce qui les expose à se remplir d’eau quand il fait du vent. Veut-on exposer ces canots en haute mer à la grande pêche, on les tient fendus au milieu, puis on les recoud avec des fanons de baleine, et on les calfate avec de la mousse ou de l’ortie qui sert de chanvre. C’est pour empêcher que ces canots ne soient brisés et entr’ouverts par les vagues qu’on pratique, dans le bois dont ils sont construits, ces jointures flexibles et liantes de baleine. Ces sortes de bateaux s’appellent baïdares. Ceux des Kamtchadales qui manquent de bois font leurs bateaux de cuir de phoque. C’est sous la pro-