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nable. Mais les peuples voisins de la mer bâtissent sur ses côtes ou dans les bois, qui n’en sont pas éloignés. La chasse, ou plutôt la pêche des phoques, étend quelquefois leurs excursions à cinquante lieues de leurs habitations. La faim n’admet point de demeure fixe chez les sauvages, comme l’ambition ne connaît ni frontières ni limites chez les peuples policés.

Les meubles des Kamtchadales sont des tasses, des auges, des paniers ou corbeilles, des canots et des traîneaux ; voilà leurs richesses, qui ne coûtent ni de longs désirs, ni de grands regrets. Comment ont-ils fait ces meubles sans le secours du fer ou des métaux ? C’est avec des ossemens et des cailloux. Leurs haches étaient des os de renne ou de baleine, ou même du jaspe taillé en coing. Leurs couteaux sont encore aujourd’hui d’un cristal de roche, pointus et taillés comme leurs lancettes, avec des manches de bois. Leurs aiguilles sont faites d’os de zibeline, assez longues pour être percées plusieurs fois quand elles se rompent à la tête.

On ne décrit point leurs ustensiles ; mais les plus beaux sont des auges de bois, qui coûtaient autrefois un an de travail. Aussi c’était assez d’une belle auge pour distinguer un village entier, quand elle pouvait servir a régaler plusieurs convives. S’il est vrai, comme on le dit, qu’un seul Kamtchadale mange autant que dix hommes ordinaires, on ne saurait trop vanter une de ces auges.