Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/365

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de poil d’animaux, ou d’une espèce de jonc velu ; mais elles étaient si attachées à cette coiffure, dit Steller, qu’elles ne voulaient point se faire chrétiennes, parce qu’on leur ôtait la perruque pour les baptiser ou qu’on leur coupait les cheveux qu’elles avaient quelquefois naturellement frisés et bouclés en perruque. Aujourd’hui ces femmes ont le luxe de celles de Russie : elles portent des chemises, même avec des manchettes.

Elles ont poussé la propreté jusqu’à ne travailler plus qu’avec des gants, qu’elles ne quittent jamais. Elles ne se lavent pas même le visage ; elles se le teignent avec du blanc et du rouge. Le premier est fait d’une racine vermoulue, qu’elles mettent en poudre, et le second, d’une plante marine qu’elles font tremper dans l’huile de phoque. Dès qu’elles voient un étranger, elles courent se laver, s’enluminer et se parer.

Le luxe a fait de tels progrès au Kamtchatka, depuis que les Russes y ont porté leur goût et leur politesse, qu’un Kamtchadale, dit-on, ne peut guère s’habiller, lui et sa famille, à moins de cent roubles ou de cinq cents francs. Mais sans doute cette dépense s’arrête aux riches ; car il y a des gens encore vêtus à l’ancienne mode, et surtout les vieilles femmes. Un Kamtchadale du premier ordre est un homme qui porte sur son corps du renne, du renard, du chien, de la marmotte, du bélier sauvage, des pates d’ours et de loups, beaucoup de phoque