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la graisse de phoques, est de s’en mettre dans la bouche un long morceau qu’ils coupent près des lèvres, avec un couteau, et de l’avaler sans la mâcher.

Le mets le plus recherché des Kamtchadales est le sélaga. C’est un mélange de racines et de baies broyées ensemble, à quoi l’on ajoute du caviar, de la graisse de baleine, du phoque et du poisson cuit. Tous les peuples sauvages ont ainsi leur oille, qu’ils préparent d’une manière qui est dégoûtante pour tout autre qu’eux. Les femmes kamtchadales nettoient et blanchissent leurs mains crasseuses dans le sélaga, qu’elles pétrissent et délaient avec la sarana.

Ce peuple n’a que l’eau pour boisson. Autrefois, pour s’égayer, ils y faisaient infuser des champignons. Aujourd’hui, c’est de l’eau-de-vie qu’ils boivent, quand les Russes veulent leur en donner par grâce, en échange de ce que ces sauvages ont de plus beau et de plus cher. Les Kamtchadales sont fort altérés par le poisson sec dont ils se nourrissent : aussi ne cessent-ils de boire de l’eau après leur repas, et même la nuit. Ils y mettent de la neige ou de la glace pour l’empêcher, dit-on, de s’échauffer.

L’homme sauvage est nécessairement plus féroce au nord qu’au midi. Destructeur à double titre, la nature, qui lui donne beaucoup de faim et peu de fruits, veut qu’il tue les animaux pour se nourrir et pour s’habiller. Ainsi le Kamtchadale engraissé, rempli de poissons ou d’oiseaux aquatiques, est encore vêtu, cou-