Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 11.djvu/358

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les déclinaisons et les mots dérivés. Les variations et les aberrations qui se trouvent entre elles viennent du temps et du climat.

Une autre preuve de descendance est la conformité de figure. Les Kamtchadales sont petits et basanés comme les Mongols. Ils ont les cheveux noirs, peu de barbe, le visage large et plat, le nez écrasé comme les Kalmouks. Ces traits, et des rapports dans le caractère des deux nations achèvent de prouver à Steller que ces nations ont une origine commune, ou que l’une vient de l’autre. Mais leur séparation, dit-il, doit être antérieure à celle du Japon d’avec la Chine ; et la preuve qu’elle est très-ancienne, c’est que les Kamtchadales n’ont aucun usage ni presque aucune idée du fer, dont les Mongols se servent depuis plus de deux mille ans. Ils ont perdu jusqu’à la tradition de leur origine ; ils ne connaissent que depuis peu de temps les Japonais, et même les Kouriles. Ils étaient très-nombreux quand les Russes arrivèrent chez eux, quoique les inondations, les ouragans, les bêtes féroces, le suicide et les guerres intestines fussent des causes continelles de dépopulation. Ils ont une connaissance de la propriété des herbes, qui suppose une longue expérience ; mais surtout les instrument et les ustensiles dont ils se servent sont différens de ceux des autres nations. De tous ces faits, Steller conclut que les Kamtchadales sont de la plus haute antiquité, et qu’ils ont été poussés dans leur presqu’île par les conqué-