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les substances animales ou végétales passent les unes dans les autres par la nutrition, et l’homme seul se nourrit de presque toutes. Mais, par une circulation singulière des germes de la vie et de la mort, quand les volatiles, les poissons et les quadrupèdes voraces se sont nourris d’une infinité d’espèces prises dans les différentes classes du règne animal et sensible, l’homme qui a dévoré toutes ces espèces l’une après l’autre est à son tour la proie de mille insectes les plus vils.

Ils sont très-communs au Kamtchatka. Si les chaleurs de l’été n’y sont pas assez vives pour multiplier beaucoup ces générations, en revanche, les eaux, dont le pays est coupé, font que les vers y fourmillent. La terre en est couverte ; le poisson qu’on fait sécher en est dévoré jusqu’à la peau, qui reste seule. Les moucherons et les cousins rendent ce pays insupportablë dans la seule saison où il serait habitable. Heureusement, comme les Kamtchadales sont alors occupés à la pêche, où la fraîcheur et la continuité des vents écartent ces essaims fâcheux que le soleil fait éclore, ils n’en souffrent pas extrêmement. L’humidité de l’air fait aussi qu’on voit peu de papillons, si ce n’est vers la source du Kamtchatka, où la sècheresse du sol et le voisinage des bois les rendent communs. Mais ce qu’il y a de singulier, c’est qu’on en a vu des multitudes prodigieuses voler sur des vaisseaux éloignés de la côte à plus de trente verstes. Peuvent-ils aller si loin sans se