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Comme l’usage des marchands est de partager entre eux les biens de ceux qui meurent en route, ils s’emparèrent d’Isaac, comme esclave de Goez, le chargèrent de chaînes, et le menacèrent de la mort, s’il refusait d’invoquer Mahomet. Ferdinand présenta en sa faveur une requête au vice-roi de Khan-tcheou, qui donna ordre au gouverneur de So-tcheou d’examiner cette affaire selon le droit et l’équité. Le gouverneur se conforma d’abord à cette injonction ; mais s’étant ensuite laissé corrompre par les Mahométans, il menaça Ferdinand du fouet, et le tint trois jours en prison. Ce traitement fut loin de décourager Ferdinand ; mais, n’ayant pas d’argent, il vendit ses habits pour suivre un procès qui dura six mois. Comme il n’entendait pas le persan, et qu’Isaac ne savait ni le portugais ni le latin, ils ne pouvaient se parler, ce qui faisait traîner le procès en longueur. Enfin, à force de persévérance, Ferdinand apprit le persan ; il parut devant le juge avec Isaac, et gagna sa cause. Isaac, sorti de prison, se mit en route pour Pékin avec son libérateur. Il déposa entre les mains du P. Ricci tout ce qui restait des effets et des papiers de Goez. Ce fut d’après ces renseignemens et les récits d’Isaac que le P. Ricci écrivit la relation des voyages de Goez. On conçoit qu’elle doit être bien incomplète, et l’on regrette vivement la perte du journal de Goez, qui devait renfermer des matériaux bien précieux pour la géographie, puisque ce missionnaire avait parcouru des pays