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cer les autres, et couvrent l’ouverture de nattes. Un pêcheur veille sur un trou pratiqué dans les nattes pour voir le moment où les poissons entrent dans les filets, en voulant passer le détroit et regagner la mer. Aussitôt il appelle ses compagnons, ôte les nattes, et l’on tire les filets remplis de harengs. On les enfile par paquets dans des ficelles d’écorce d’arbre, et les Kamtchadales les emportent chez eux sur des traîneaux. » C’est ainsi que l’industrie, excitée par le besoin, varie chez tous les peuples avec la situation des lieux et des choses qui concourent à satisfaire ce besoin. Le hareng est le même sur toutes les mers ; mais la manière de le prendre n’est pas la même sur toutes les côtes.

L’histoire des pays sauvages est plutôt celle des animaux que des hommes. Mais, quoique partout où l’homme destructeur n’a point imprimé la trace meurtrière de ses pas tous les autres habitans de la terre y dussent trouver un sûr asile et s’y multiplier à loisir, cependant on peut dire en général, peu d’hommes, peu d’animaux : tant la voracité, la guerre, la curiosité, l’ennui du repos, la soif du butin, les besoins et les passions de l’espèce humaine l’agitent et la poussent dans tous les lieux où les productions, soit animales, soit végétales, peuvent fournir des alimens à l’être qui, dévorant tout ce qui vit, se reproduit de la mort de tous les autres êtres. Si donc le Kamtchatka n’est pas aussi peuplé qu’on devrait l’attendre du climat, c’est que la terre y présente peu de subsistances aux