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qui le purifient. On ne peut donner un coup de harpon dans l’eau sans frapper sur un poisson ; la plupart des filets rompent sous le faix quand on veut les tirer ; aussi ne fait-on que les tendre.

Cependant il n’y a guère de saumons au Kamtchatka qui restent plus de six mois dans les rivières, soit parce qu’ils n’y trouvent pas assez de nourriture, soit que la difficulté de les remonter ou de s’y arrêter faute de profondeur et d’asile les fasse rentrer dans la mer. Cependant c’est dans les rivières où ils sont nés qu’ils ont coutume de frayer. La femelle, dit Steller, se creuse une fosse dans le sable, et se tient sur ce trou jusqu’à ce que le mâle vienne, en la pressant, faire sortir de son sein les œufs qu’elle y contient, et les arroser du germe fécond qu’il exprime de sa laite. Ces œufs restent ainsi cachés et couverts dans les creux de sable jusqu’au moment d’éclore. Le mois d’août est la saison du frai. Comme les vieux poissons n’ont pas le temps d’attendre leurs petits, ils mènent toujours, dit-on, un saumon d’un an, qui, n’ayant que la grosseur d’un hareng, garde et couve, pour ainsi dire, le frai jusqu’au mois de novembre, où les petits nouvellement éclos gagnent la mer à sa suite. C’est un fait dont Kracheninnikov paraît si peu douter, qu’il suppose le même instinct à nos saumons d’Europe. Mais il croit que la différence d’âge entre les saumons naissans et celui d’un an, qui les garde et les mène, a fait que les naturalistes