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tira que la moitié de la valeur. Avec cette somme il paya ses dettes, et pourvut pendant un an à l’entretien de son monde. Cependant la caravane de Cachegar arriva : Goez épuisa le reste de ses ressources par les festins qu’il fut obligé de donner au capitaine. Il fut réduit à emprunter. Il employa une partie de l’argent qu’on lui prêta à l’achat de morceaux de jaspe ; car, compris dans le nombre des soixante-douze prétendus ambassadeurs dont la caravane était composée, il n’aurait jamais obtenu la permission de s’acheminer vers Pékin, s’il n’avait pas eu du jaspe.

Ferdinand eut sa part d’afflictions. En passant par Si-ngan-fou, capitale du Chen-si, il fut abandonné par son valet, qui lui emporta la moitié de son argent. Cependant il continua sa route avec beaucoup de peine jusqu’à So-tcheou. Ce fut pour y recevoir le dernier soupir de Goez, qui mourut entre ses bras, le 18 mars 1606. On soupçonna les Mahométans d’avoir hâté sa fin par le poison, surtout lorsque aussitôt après sa mort, on leur vit mettre la main sur tout ce qu’il avait laissé. On regretta surtout un journal qu’il tenait avec beaucoup de soin. Ses ennemis s’empressèrent d’autant plus de s’en emparer, que c’était le moyen de se mettre à l’abri de toutes recherches pour les sommes qu’ils pouvaient devoir à Goez. Ils voulaient aussi faire enterrer Goez à la façon des Mahométans, mais Isaac et Ferdinand s’y opposèrent.