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Ces animaux nagent par bandes, et si près du rivage dans la haute marée, qu’on peut, dit Steller, leur toucher le dos avec la main. Quand on les tourmente ou qu’on les frappe, ils fuient, gagnent la mer, et reviennent bientôt. « Ces animaux, dit Kracheninnikov, ne prennent pas le moindre soin de leur conservation ; de sorte qu’on peut s’approcher au milieu d’eux avec des canots, marcher sur le sable, choisir et tuer celui qu’on veut. »

Chaque bande est composée de quatre rytines, le mâle, la femelle, et deux petits de grandeur et d’âge différens. En général, ces animaux tiennent leurs petits au milieu d’eux pour les mettre à couvert. Le mâle aime si fort sa femelle, qu’après avoir tenté vainement de la défendre et de la délivrer, quand les pêcheurs la tirent sur le rivage avec des harpons, il la suit malgré les coups dont il est accablé, s’élance subitement vers elle aussi vite qu’une flèche, et reste quelquefois deux ou trois jours attaché sur son corps mort.

Quand un homme, monté sur un canot de quatre rameurs, a jeté le harpon sur un de ces animaux, il y a trente pêcheurs sur le rivage qui tirent le monstre avec le câble attaché au harpon fait en forme d’ancre. Pendant qu’on tâche d’arracher le rytine des endroits où il s’accroche, les rameurs le percent à coups de pique. Dès qu’il est blessé, il s’agite extraordinairement ; aussitôt une foule d’autres viennent à son secours, ou pour renverser le canot