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deux défenses de chaque côté, qui lui percent dès le quatrième jour. Son poil, d’un bleu noirâtre, commence alors à devenir châtain ; au bout d’un mois, il est noir autour du ventre et des flancs. Les femelles deviennent grises, et si différentes des mâles, que, sans une grande attention, on les croirait d’une autre espèce.

Ces phoques se tiennent dans la baie qui est entre les caps de Chipounskoi et de Kronotskoi, parce que la mer y est plus calme que sur le reste de la côte orientale du Kamtchatka. C’est au printemps qu’on les y prend, lorsque les femelles sont près de mettre bas : dès le mois de juin ces animaux disparaissent. On conjecture qu’ils passent dans les îles qui se trouvent entre l’Asie et l’Amérique, depuis le 50e. degré jusqu’au 56e., car on ne les voit guère monter plus haut vers le nord, et ils arrivent pour l’ordinaire du côté du midi : c’est ou pour déposer ou pour nourrir leurs petits qu’ils voyagent ainsi. La faim, la sûreté, le soin de se reproduire, sont les guides de tous les animaux errans. Les renards voyagent dans les montagnes du Kamtchatka, au gré des saisons abondantes ou stériles. Les oiseaux se retirent dans les endroits déserts, au temps de la mue ou de la ponte. Les poissons s’enfoncent dans les baies profondes où les eaux sont tranquilles, pour frayer et déposer leurs œufs. Les otaries, chats marins, vont chercher le repos loin des lieux habités pour élever leur famille. Leurs femelles allaitent pendant deux ou trois mois,