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Le phoque ne s’éloigne guère de la côte au delà de trente milles ; c’est un signal du voisinage de la terre pour les navigateurs : s’il entre dans les rivières, c’est pour suivre le poisson dont il se nourrit.

La femelle ne porte qu’un petit à la fois. Le cri des phoques est désagréable, surtout leur grognement continuel ; les jeunes se plaignent comme des personnes qui souffrent.

Parmi les différentes manières de les prendre à terre, les Kamtchadales en ont une qui leur semble particulière. Quand les petits sont sur la glace, les chasseurs, mettant une serviette au-devant d’un traîneau, les poussent et les écartent de leurs trous ; et quand ils en sont éloignés, on tombe sur eux et on les assomme avec des massues, ou bien à coups de carabine sur la tête, car il est inutile de les frapper ailleurs ; les balles restent dans la graisse du phoque : mais il ne faut pas croire qu’elles ne font que les chatouiller agréablement, comme l’ont dit des gens qui ne doutent de rien.

Quelquefois on tend des filets très-forts, en trois ou quatre endroits d’une rivière où les phoques sont entrés, et on les pousse dans ces filets avec de grands cris. Quand ils s’y sont embarrassés, on les assomme, et l’on en prend, dit-on, dans ces sortes de pêche et de chasse, jusqu’à cent à la fois. Ils sont durs à tuer : j’ai vu moi-même, dit Kracheninnikov, un de ces animaux qu’on avait pris à l’hameçon poursuivre nos gens, quoiqu’il eût le crâne brisé en