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nœuds coulans, au milieu desquels ils suspendent un appât de viande entre les grosses branches d’un arbre naturellement courbé. L’ours, plus gourmand que rusé, passe la tête ou la pâte dans ces nœuds ; et restant pris à l’arbre, il paie sa gourmandise de sa peau ; car c’est pour sa peau qu’on en veut à sa vie. les Kamtchadales s’en font des fourrures très-estimées et des semelles de souliers pour courir sur la glace; ils se couvrent même le visage des intestins de l’ours pour se garantir du soleil.

Un animal très-commun partout, et qui ne devrait pas l’être, ce semble, dans les régions aussi peu habitables que le Kamtchatka, c’est le rat. Ce pays en a trois espèces. La première, à courte queue, au poil rouge, est aussi grosse que les plus grands qu’il y ait en Europe ; mais elle diffère de ceux-ci, surtout par son cri semblable à celui des cochons de lait ; du reste, elle ressemble à une espèce de belette qui pourtant se nourrit de rats, mais sans doute des plus petits. Ceux-ci sont, pour ainsi dire, domestiques, tant la faim les rend familiers avec les Kamtchadales, dont ils volent sans crainte les provisions.

Une troisième espèce vit des larcins qu’elle fait à la première, qui se tient dans les plaines, les bois et les montagnes. L’une a des rapports avec les frelons, et l’autre avec l’abeille.

Les gros rats, qu’on appelle tegoulicitch,