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tent de manger quelquefois les baies qu’elles ont cueillies. En général, il ne cherche qu’à vivre, et quand il le peut sans verser le sang, il évite le carnage. Les ours sont très-gras pendant l’été, sans doute parce qu’alors ils trouvent abondamment du poisson. Mais quand l’hiver glace les rivières et flétrit les végétaux, l’ours maigrit, ne vivant que d’arêtes desséchées, des provisions, ou des restes de poisson qu’il vole dans les cabanes, des rennes qu’il peut tuer par hasard, ou des renards et des lièvres qu’il trouve pris dans les piéges. Du reste, cet animal est si paresseux, que les Kamtchadales ne croient pas pouvoir dire une plus grosse injure à leurs chiens, quand ils s’arrêtent trop souvent en tirant un traîneau, que de les appeler ours (kèren).

Cependant, comme l’ours, malgré sa paresse, devient carnassier et destructeur quand la faim le presse, on est obligé de lui faire la guerre à coups de flèches, ou de lui tendre des piéges. Les Kamtchadales ont une façon singulière de le prendre dans sa tanière : on y entasse à l’entrée une quantité de bois, et près du trou, des soliveaux et des troncs d’arbres. L’ours, pour s’ouvrir un passage libre retire ces pièces de bois en dedans, et s’embarrasse tellement des obstacles mêmes dont il veut se délivrer, qu’il ne peut plus sortir. Alors les Kamtchadales ouvrent la tanière par-dessus, et tuent l’ours avec des lances. D’autres prennent ces animaux avec des