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leur ont imposé. Du reste, ils préfèrent une peau de chien, qui les défend du froid, au vain ornement d’une queue de martre. Leur richesse n’est pas encore parvenue au luxe. Les chasseurs de profession vont passer l’hiver dans les montagnes, où les zibelines se tiennent en plus grand nombre. Mais c’est toujours un petit objet d’occupation et de lucre pour les Kamtchadales, trop paresseux au gré des Russes, qui sont plus avides.

Les marmottes du Kamtchatka sont très-jolies par la bigarrure de leur peau, qui est chaude et légère. Cet animal, aussi vif que l’écureuil, se sert comme lui des pates de devant pour manger. Il se nourrit de racines, de baies et de cônes de pin. Les Kamtchadales ne font point de cas de la peau des marmottes ni des hermines. Elles sont trop petites et trop soyeuses pour un peuple grossier dont l’esprit s’arrête à l’utilité.

En revanche, il estime singulièrement la fourrure du glouton, surtout la peau du glouton blanc tacheté de jaune. Dieu même, disent-ils, ne peut être revêtu que de ces riches peaux. C’est le présent le plus galant pour les femmes kamtchadales. Elles s’en font un ornement de tête singulier. C’est un croissant qui présente deux cornes blanches. Elles croient ressembler avec cette parure au mitchatgatchi, oiseau de mer tout noir, à qui la nature a donné deux aigrettes blanches sur la tête. Cependant on ne prend pas beaucoup de