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les nourrit avec de l’opana. C’est une espèce de pâte, faite de poisson, qu’on a laissé fermenter dans une fosse. On en jette dans une auge pleine d’eau la quantité nécessaire pour le nombre des chiens à nourrir. On y mêle quelques arêtes de poissons ; on fait chauffer ce mélange avec des pierres rougies au feu. Voilà le mets qu’on leur donne tous les soirs pour réparer leurs forces et leur procurer un profond sommeil. Dans le jour, ils ne mangent point, de peur d’être pesans à la course. On nourrit de chair de cornailles ceux qu’on dresse pour la chasse ; prétendant qu’ils en ont plus de nez. Quand l’animal devient inutile, on le tue, ou l’on attend qu’il meure, et l’on prend sa peau. Celle des chiens blancs, qui ont le poil long, sert à border les pelisses et les habits faits de peaux plus communes.

Les animaux dont la chasse occupe les chiens sont le renard et le belier sauvage.

Les renards du Kamtchatka ont un poil épais, si luisant et si beau, que la Sibérie n’a rien à leur comparer dans ce genre. On en voit de diverses couleurs ; mais les plus estimés sont les châtains-noirs, ceux qui ont le ventre noir et le corps rouge, et ceux au poil couleur de feu. On dit que les renards les plus beaux sont aussi les plus fins, et qu’un Cosaque, très-habile chasseur, poursuivit deux hivers de suite au Kamtchatka un beau renard, qu’il ne put jamais prendre. Un fait n’établit pas un principe : d’ailleurs, comme on ne poursuit guère avec