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que la curiosité, parce que les Kamtchadales n’ont presque rien à manger. Steller les appelle avec raison mangeurs de tout. En effet, jusqu’aux herbes sèches que la mer jette sur les côtes, jusqu’aux champignons dangereux qu’on appelle meukhomores, ils vivent de tout ce qui ne tue pas.

Les plantes qu’ils ne mangent pas en santé leur sont bonnes pour les maladies ou les plaies.

La racine que les Kamtchadales appellent zgate est très-funeste à leurs ennemis. Quand ces sauvages ont trempé leurs flèches dans le suc de la racine de cette plante, elles font des blessures incurables. Les hommes en meurent au bout de deux jours, à moins qu’on ne suce le poison de leur plaie ; les baleines et les phoques atteints de ces flèches bondissent avec violence, puis vont se jeter et périr sur les côtes.

Les végétaux sont presque l’unique ressource des Kamtchadales dans tous leurs besoins. Avec une plante haute et blanchâtre, qui ressemble au froment, ils tressent des nattes qui leur servent de couvertures et de rideaux, des manteaux unis et lisses d’un côté, velus de l’autre. Le côté velu se met par-dessous contre le froid, et par-dessus contre la pluie. Les femmes font, de cette espèce de jonc, des corbeilles où elles mettent leurs petits ornemens, et de grands sacs pour les provisions de bouche ; elle sert encore à couvrir les habita-