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sa tige est d’un goût agréable qui ressemble aux cornichons séchés des Kalmouks. Sa feuille verte, et son écorce broyée, s’infusent et se prennent comme du thé vert, dont cette infusion a le goût. Le kiprei sert aussi à faire du vinaigre. Les mères mâchent cette herbe, et l’appliquent sur le nombril des enfans à qui elles viennent de couper le cordon ombilical.

Le tcheremcha, ou l’ail sauvage, entre dans une espèce de mets qu’on appelle schami. C’est un ragoût froid, composé de choux, d’ognons, de cornichons, et quelquefois de poisson et de pieds de cochons. L’ail sauvage qu’on y mêle est un excellent antiscorbutique ; mais il faut sans doute en user médiocrement, car des Cosaques attaqués du scorbut, en ayant trop mangé, furent couverts de gale et de pustules : cependant ces croûtes tombèrent, et le mal disparut.

Parmi d’autres plantes dont les Kamtchadales font usage pour leur nourriture, on peut remarquer l’outchiktchou, plante dont la feuille ressemble à celle du chanvre.

Si la nature a refusé les alimens les plus communs aux Kamtchadales, elle y a suppléé par un grand nombre de racines d’herbes, dont le besoin leur donne l’instinct d’éprouver et d’employer la vertu. Ils savent et l’endroit où elles croissent, et le temps de les cueillir, et l’usage qu’on en peut faire. Les nations les plus civilisées n’ont pas de botanistes plus éclairés que ces sauvages ; car la faim instruit mieux