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tronc et aux branches, sont de petites noix qui couvrent de petites amandes. Aussi les Kamtchadales les mangent sans les dépouiller de l’écorce. Ce fruit astringent cause des ténesmes ; mais les sommités de l’arbuste, infusées dans l’eau chaude comme du thé, guérissent du scorbut.

On trouve au Kamtchatka deux sortes d’aubépine : l’une à fruits noirs, l’autre à fruits rouges, qu’on garde pour l’hiver ; beaucoup de sorbiers, dont on confit les fruits ; passablement de genévriers, dont on néglige les baies ; peu de groseillers rouges et de framboises, qu’on ne se donne pas la peine d’aller cueillir loin des habitations. Mais, en revanche, il y a trois sortes de myrtilles (vaocinium), dont on emploie les baies à faire des confitures et de l’eau-de-vie. Le fruit de la camarigne, que les naturels du pays appellent vodianitsa, sert à teindre en couleur de cerise de vieilles étoffes de soie déjà pasées : on l’emploie aussi avec de l’alun et de la graisse de poisson, à noircir les peaux de loutre de mer et les mauvaises zibelines. Ce mélange leur donne un noir si luisant, que les acheteurs y sont trompés.

À la ressource de ces fruits se joint celle des plantes pour dédommager les habitans du manque de grains.

La principale de ces plantes, qui tient lieu de farine et de gruau, c’est la sarane, qu’on trouve principalement dans ce pays ; c’est une espèce de lis. Cette plante s’élève à la hauteur