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même latitude. La neige qui s’entasse à douze pieds de hauteur sur la pointe de Lopatka diminue d’épaisseur à mesure qu’on s’avance au nord : à peine en trouve-t-on un pied et demi sur les bords de la Tighil, vers le milieu de la presqu’île, prise dans sa longueur.

C'est pourtant cette neige qui rend, dit-on, le teint des habitans très-basané, et qui leur gâte la vue de très-bonne heure. Comme le froid et les vents la condensent, les rayons du soleil, réfléchis sur cette superficie éblouissante et dure, brûlent la peau et fatigue les yeux. Quoi qu’il en soit de ce premier effet de la neige, le second est très-certain : aussi les habitans portent-ils pour garde-vue des réseaux tissus de crin noir, ou des écorces de bouleau criblées de petits trous. Mais ces bandeaux n’empêchent pas que le mal d’yeux ne soit très-fréquent au Kamtchatka. Steller y trouva un remède qui dissipait en six heures de temps la rougeur et l’inflammation, et guérissait de la douleur du mal : c’était d’appliquer sur les yeux une espèce de cataplasme fait d’un blanc d’œuf battu jusqu’à l’écume, avec du camphre et du sucre.

La neige qui tombe dans la presqu’île, entre les 52e. et 55e. degrés, est si abondante, qu’à la fonte du printemps toute la campagne est inondée par le débordement des fleuves. Mais ce qui rend le séjour du pays encore plus incommode, ce sont les vents et les ouragans.

Comme il existe des mines dans presque tou-