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bois mouillé, vermoulu, répand plus de fumée que de chaleur. Le voisinage des montagnes offre plus de ressources, surtout dans les endroits où les rivières peu éloignées de la mer sont navigables.

Le meilleur bois est le bouleau. Il y en a de si gros, que le capitaine Spanberg en fit construire un bâtiment pour les voyages de long cours. Ce vaisseau vide enfonça d’abord aussi profondément dans l’eau que s’il eût été chargé. Mais la cargaison n’ajouta rien, ce semble, à son poids. Il n’en prit pas plus d’eau qu’auparavant, et n’en fut pas moins bon voilier. Ce fait est trop singulier, ou trop mal présenté pour ne pas embarrasser un lecteur peu versé dans la physique. On a vu des vaisseaux neufs tirer d’abord beaucoup d’eau au moment qu’ils y sont lancés, puis quelque temps après se moins enfoncer. Sans doute que le bois venant à se gonfler, l’eau ne peut plus y pénétrer, et qu’après qu’on a vidé celle qui, étant entrée dans le vaisseau, l’avait fait enfoncer, il s’élève beaucoup ; il se peut qu’alors la charge que sa capacité lui permet de recevoir ne lui fasse pas tirer plus d’eau qu’il n’en avait tiré d’abord. Mais ce phénomène d’hydrostatique a besoin d’être bien vérifié par l’expérience avant qu’on en cherche l’explication.

Quelque stériles que soient les côtes du Kamtchatka, celle de l’orient est pourtant moins dégarnie de bois, sans doute parce que les montagnes sont très-proches de la mer. Mais