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collines qui s’en éloignent, se couvrent de bois et de cette verdure qui semble inviter à la culture. Mais la neige qui précède la gelée aux premiers jours de l’automne s’oppose à la semence des grains, soit avant l’hiver, parce que, venant à fondre, elle détruit les semences ; soit au printemps, parce qu’elle séjourne jusqu’à la moitié de mai, temps suivi de près par les pluies qui durent jusqu’au mois d’août. Ce qu’on a semé ne laisse pas de croître assez vite au milieu des eaux ; mais comme l’été est fort court, et que le soleil, reste quelquefois quinze jours sans paraître, la moisson ne mûrit point, et la gelée vient la surprendre en fleur.

Les côtes ont peu de bois, et les bords des rivières n’ont que des saules et des roseaux, même à trente verstes de la mer. Cette disette de bois gêne beaucoup les habitans, qui dans l’été vont s’établir sur les bords de la mer pour la commodité de la pêche. On est obligé d’aller chercher du bois fort loin avec beaucoup de peine. La rapidité des rivières et les bancs de sable dont elles se remplissent font qu’au lieu de laisser flotter au gré des courans le bois que l’on a coupé, on est forcé d’en attacher de longs faisceaux aux deux côtés d’un petit canot de pêcheur. Pour peu que la charge ou le train fût considérable, il embarrasserait le canot, et le ferait chavirer et échouer contre les rochers et les bancs. La mer supplée à cet inconvénient par les arbres qu’elle apporte sur les côtes : mais ils sont rares ; et ce