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pèrent pas au Kamtchatka ; mais ceux qui ne demandent que de l’humidité, comme les navets, les radis et les betteraves, viennent partout plus abondans, plus gros, de meilleure qualité le long de la rivière de Kamtchatka.

Au bord des rivières, dans les marais et les bois, l’herbe surpasse la hauteur de l’homme, et peut se faucher jusqu’à trois fois dans un été. C’est aux pluies du printemps et à l’humidité du terrain qu’il faut attribuer ce genre de fécondité qui conserve le foin fort avant dans l’automne, et lui donne du suc et de la sève, même en hiver. Aussi les bestiaux y sont-ils d’une grosseur prodigieuse, toujours gras, et donnent du lait dans toutes les saisons.

Cependant les bords de la mer sont en général trop pierreux, trop sablonneux, ou trop marécageux pour être propres aux pâturages ou à la culture ; mais sur la côte occidentale l’on trouve, en avançant dans le pays, des endroits bas qui paraissent formés des sables que la mer y a transportés. La terre n’y gèle qu’à un pied de profondeur. Au-dessous est une terre molle jusqu’à l'épaisseur d’une archine et demie ; plus bas, une couche de glace très-dure à briser ; puis une vase délayée et liquide, enfin le roc qui s’étend depuis les montagnes jusqu’à la mer. Cette terre est comme une éponge imbibée, qui n’a point assez de consistance pour faire croître même des bois.

Si les cantons voisins de la mer sont communément stériles, les endroits élevés, et les