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distance de trois cents verstes. Elle a brûlé depuis 1727 jusqu’en 1731. Mais sa plus grande éruption fut en 1737, le 25 septembre, et dura l’espace d’une semaine entière. Les yeux ou l’imagination des peuples sauvages d’alentour virent sortir de ce rocher embrasé comme des fleuves de feu ; c’étaient des flammes ondoyantes. On entendit ou crut entendre un tonnerre dans les flancs de la montagne ; un sifflement, un mugissement des vents qui soufflaient, qui allumaient cette forge infernale. Il en sortit un tourbillon de charbons embrasés et de cendres fumantes, que le vent poussa dans la mer, sans que la campagne s’en ressentît. Ce phénomène prodigieux fut suivi d’un tremblement de terre, dont les secousses durèrent par intervalles depuis le mois d’octobre suivant jusqu’au printemps de l’année 1738, et causèrent d’assez grands ravages.

Steller observe au sujet de ces volcans que les montagnes qui vomissent ces feux sont presque toujours isolées ; qu’elles ont à peu près la même apparence extérieure, et doivent contenir en dedans les mêmes matières ; qu’on trouve toujours des lacs sur le sommet, et des eaux chaudes au pied des montagnes où les volcans se sont éteints ; ce qui est une preuve de la correspondance que la nature a mise entre la mer, les montagnes, les volcans et les eaux chaudes, comme si celles-ci venaient originairement de ces sources de feu.

On trouve des eaux chaudes dès la pointe