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La pointe la plus méridionale du Kamtchatka, qui sépare les deux mers dont cette presqu’île est environnée, s’appelle le cap Lopatka, parce qu’il ressemble à une omoplate, ou, selon d’autres, à une pelle. Il ne s’élève que de dix brasses ou cinquante pieds au-dessus du niveau de la mer : il est par conséquent sujet à des inondations qui rendent le pays inhabitable à vingt verstes du rivage. Il n’est fréquenté que par les gens qui vont à la chasse des renards, jusqu’à trois verstes du cap Lopatka. Il n’y croît que de la mousse ; dans cet espace on voit des lacs et des étangs, mais il n’y a ni ruisseaux ni rivières. Le terrain y est composé de deux couches ; l’inférieure est solide, la supérieure est une tourbe spongieuse, sa surface est couverte de monticules, et ne produit rien.

Les volcans sont aussi fréquens dans les zones tempérées et glaciales qu’entre les deux tropiques. Le Kamtchatka en compte trois. Le premier est celui d’Avatcha, au nord de la baie de ce nom. C’est un groupe de montagnes à peu près isolé ; sa base couverte de bois s’étend jusqu’à la baie ; le milieu forme une sorte d’amphithéâtre ; le sommet est absolument aride. Ces montagnes jettent de la fumée, mais rarement du feu. Cependant une éruption eut lieu dans l’été de 1737 ; elle ne dura qu’un jour, et ne vomit que des cendres épaisses. Mais ce fut l’avant-coureur d’un tremblement de terre, qui, le 6 octobre suivant, renversa en un quart d’heure toutes les huttes et les tentes des Kamtchadales.