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Cette observation, qui a coûté tant de fatigues à Chappe, n’est qu’un fait, qu’un moment, qu’un point dans l’histoire des temps et des cieux ; mais c’est un de ces momens et de ces points décisifs qui doivent faire époque dans l’astronomie, étendre et perfectionner la sublime théorie des mouvemens célestes. Un jour peut-être on partira de cette observation pour déterminer la distance du soleil, qui jusqu’ici s’est dérobée aux calculs de la géométrie, pour mesurer la grandeur réelle de cet astre, pour peser son influence sur le système dont il est le centre et le mobile.

Le phénomène de l’électricité a jeté la plus vive lumière dans la science de la nature. Sans doute il était aisé de voir que la terre se composait à elle-même son atmosphère, élevant de son sein les vapeurs qui l’arrosent, et recouvrant en un jour, par les pluies, tout ce qu’elle a perdu d’exhalaisons en plusieurs mois. Par la raison qu’elle était la source des nuages, elle devait être le foyer des orages ; mais on n’avait pas vu que la foudre partait de la terre, au lieu de tomber du ciel. Chappe était, en 1757, dit-il, dans cette erreur, combattue en 1813 par Maffei.

« J’étais persuadé, dit-il, que les nuages orageux étaient toujours enveloppés d’une matière électrique, et qu’ils étaient des conducteurs d’où partaient ces éclats de foudre qui, après avoir traversé les airs, portent l’effroi et le désordre sur la surface du globe… Je reconnus